La jeune sorcière

La jeune sorcière

Un soir, tard, un cosaque arriva dans un village. Il marcha jusqu’à la dernière maison, et appela :

– Olà, patron! Puis-je passer la nuit ici?

– Entrez donc, si vous ne craignez pas la mort !

Quel genre de réponse est-ce là ? pensa le cosaque, tout en installant son cheval dans l’écurie. Après lui avoir donné son fourrage, il entra dans la maison. Là, il vit toute la maisonnée, hommes, femmes et petits enfants, qui sanglotait et pleurait tout en priant ; et lorsqu’ils eurent fini de prier, tous endossèrent des chemises propres.

– Pourquoi pleurez-vous ? demanda le cosaque.

– Parce que voyez-vous, répondit le maître de la maison, la nuit, la Mort rôde dans notre village. Tous les gens qui vivent dans la maison qu’elle choisit, quelle qu’elle soit, seront mis dans des cercueils et emmenés au cimetière dès le lendemain matin. Ce soir, c’est notre tour !

–Ne craignez rien, monsieur, rien ne se fera sans la volonté de Dieu.

Tout le monde se coucha sauf le cosaque était sur le qui-vive et qui jamais, ne ferma l’œil. A minuit pile, la fenêtre s’ouvrit. Dans l’embrasure apparut une sorcière tout de blanc vêtue. Elle prit un arrosoir, passa son bras à l’intérieur de la maison, et était sur le point d’arroser la pièce lorsque soudain le cosaque fit tournoyer son sabre et coupa son bras à la jointure de l’épaule. La sorcière hurla, gémit, glapit comme un chien, et s’enfuit. Mais le cosaque saisit le bras coupé, le cacha sous son manteau, lava les taches de sang, et se coucha. Le lendemain matin, le maître et la maîtresse de maison se réveillèrent, et virent que tout le monde, sans exception, était vivant, et bien vivant, et ils en furent ravis au-delà de toute mesure.

– Si vous le permettez dit le cosaque, je vais vous montrer la Mort ! Appelez les gendarmes et la police, qu’ils viennent aussi vite que possible et nous irons la chercher dans le village.

Bientôt, gendarmes et policiers furent là, et tous ensemble ils allèrent de maison en maison. Dans celle-ci il n’y avait rien, dans celle-là, il n’y avait rien non plus, jusqu’à ce qu’ils arrivent finalement à la maison du sacristain.

– Est-ce que toute votre famille est là ? demanda le cosaque.

– Non, une de mes filles est malade. Elle est allongée là, sur le poêle.

Le cosaque jeta un coup d’œil vers le poêle : un des bras de la jeune fille était, bien évidemment, coupé. Alors, il raconta tout ce qui s’était passé, et il montra le bras coupé.

On récompensa le cosaque avec une belle somme d’argent, et on ordonna que la sorcière fut noyée.


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