Sonnet de la différence du Roy et de l'empereur
Clement Marot
L'un s'est veu pris, non plusieurs fois, mais une,
En plain conflit, faisant aspres effortz ;
L'autre deux foizs n'a eu courage, fors
Fuyr de nuyct, sans craindre honte aucune.
L'un fut en camp, exemple de fortune ;
L'autre ung patron de vrays actes tres ords.
L'un par sa prise a perdu des tresors ;
L'autre l'honneur, trop plus cher que pecune.
L'un a fort bras, du pied l'autre est expert.
L'un veult user de puissance en appert ;
L'autre en secret maulx infiniz conspire.
Quant tout est dit (pource qu'il vault et sert) :
D'estre chez luy à croppir il dessert ;
Et cestuy cy deust manier l'empire.
Clement Marot