La mort la plus douce

La mort la plus douce

On a cru longtemps que pour les criminels, la mort la plus douce était la mort instantanée. On s’est trompé.

Voici qui le prouvera.

 

Un homme avait autrefois rendu de grands services à sa patrie, et par conséquent, il était bien noté auprès du prince. Malheureusement, dans un moment d’égarement et de passion, il commit un crime pour lequel il fut jugé et condamné à mort. Prières et supplications n’y purent rien : on décida qu’il subirait son arrêt. Toutefois, eu égard à ses bons antécédents le prince lui laissa le choix de son genre de mort. L’huissier de justice alla donc le trouver dans sa prison et lui dit :

-Le prince se souvient de vos anciens services et veut vous accorder une faveur : il a décidé qu’on vous laisserait le choix de votre genre de mort. Cependant, gardez bien en tête une chose essentielle, c’est qu’il faut que vous mouriez.

Notre homme répondit :

-Puisque je dois mourir, tout en déplorant la rigueur d’un destin cruel, je vous avouerai franchement que mourir de vieillesse m’a toujours paru la mort la plus douce. Aussi, puisque le prince a la bonté de me permettre de choisir, j’opte pour cette mort-là.

On eut beau essayer de le raisonner, il ne voulut pas en démordre. Puisque le prince avait donné sa parole, et qu’il n’était pas homme à y manquer, on se vit donc forcé de rendre la liberté au condamné, et d’attendre que la vieillesse se chargeât de mettre à exécution l’arrêt porté contre lui.


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