Paresse
Albert Samain



Debout, voluptueux, dans l’ombre où tu t’endors
Un clairon martial résonne et te convie.
Debout ton coeur, debout ta pensée asservie...
Ne faut-il pas que tu sois fort entre les forts ?

La volonté, lionne à l’indomptable essor,
Sous sa griffe superbe emporte au loin la vie,
Et s’irrite et triomphe et, belle inassouvie,
Rugit à l’avenir sur des dépouilles d’or !

Mais non, c’est la débauche en sa louche taverne,
Qui t’attise à ses yeux brûlés que le plomb cerne,
Et souffle en ricanant ton pur flambeau d’orgueil :

Ou bien c’est la câline et mortelle paresse,
Ensorceleuse pis qu’une vieille maîtresse
Qui te couche à son lit drapé comme un cercueil.


  


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